Beaucoup d' écrivains ,de cinéastes ont fait parler les animaux : des contes de l' enfance
au Demain les chiens de Clifford D Simak....certains ont même construit des saga sur
la "civilisation" des fourmis. Generalement le mode de pensée des animaux est badigeonné
d' anthropomorphisme. Comment se trouver dans la tête d' un animal ,éprouver ses pensées
ses sensations?
J' ai toujours aimé un roman de Marcel Aymé:Gustalin. Je peux bien vous avouer que je suis
un admirateur de ce romancier . Si vous tombez sur Les Tiroirs de l' Inconnu ,un récit à tiroirs,
je vous en recommande la lecture ;moi j' ai été surpris par la construction du roman publié en
1963 ?est ce le souffle du "nouveau roman" ,ou justement une distance ironique prise avec ces
écrivains.
Pourquoi Marcel Aymé ? Parce que dans Gustalin ,un des personnages majeurs est un chien.
Museau c' est le nom de ce chien ,célébré par Nizan dans sa critique:
tout parait ramené au niveau d' un chien poli et narquois,ou tous les gestes de l' homme sont
regardés du ras du sol.
Le chien s'appelle Museau ,car l'auteur veut nous faire comprendre que chez le chien les impressions
olfactives priment ,qu' elles dictent ses comportements,que ses souvenirs s' organisent autour
de réminiscences d' odeurs.
Ainsi "Museau suivait, le nez au mollet de sa maitresse,songeant à la chienne de de chez
Chantremain"
Le chien suit sa maîtresse ,il est dans son odeur , et subitement il pense à la chienne de la ferme
proche. Est ce le souvenir d' une odeur ,une effluve de phéromones portée par le vent ,ou le chemin
suivi qui passe près de la ferme des Chantremain ,le fait est qu' il décide alors de fuguer et organise
sa fuite pour qu' elle ne soit pas remarquée de suite. Des exemples de psychologie canine on
en trouve tout au long du récit. Mais Museau n' est pas un personnage principal ,il reste à sa
place de chien . Il est des réactions que Museau ne s' explique pas " éveillait en lui des instincts
mal connus.un frémissement l' agitât des épaules à la queue." par exemple quand il croise un
jeune chien poursuivant par jeu une troupe de poules.
Un passage décrit la mort de Museau , il s' effondre en suivant son maître :
Museau levait la tête et essayait de regarder le visage de son maître .On était en vue du sentier
qu' il prenait naguère pour filer chez Chantremain. Tout à coup,il s' arrêta,suffocant et tremblant
des quatre pattes.Quelques secondes il réussit à maintenir son équilibre, puis il s' affaissa sans
avoir la force d' allonger ses pattes de devant, dont une resta prise sous le poids de son corps.
......Hyacynthe ,le voyant grelotter de fièvre et de fatigue,le pris dans ses bras et rebroussa chemin.
Cet aparté littéraire c' est un peu en hommage à Rantamplan mon chien,compagnon de 13 années
qui vient de mourir.