cette semaine j' ai eu à vivre un deuil .Bien sûr le réconfort ,la présence affectueuse des siens
permet de surnager, de réagir ; j' ai aussi découvert un remède a la tristesse, à la lassitude : le livre.
Ce n' est pas la lecture comme divertissement au sens de Pascal ,l' oubli par la plongée dans l'
imaginaire ,par l' investissement dans des situations qui détourneraient des préoccupations présentes.
Bien évidemment j' aurais pu me noyer dans un polar suédois comme je les aime ;et bien non c'est
avec Giono que j' ai passé ces sombres journées.
Pour moi Giono ,c' est Regain ,Colline...ces livres de mon adolescence ,un peu ouvrages initiatiques
que l' on apprécie plus guère à l' âge d' homme , le Hussard qui m' avait assez ennuyé en mes vertes
années.En résumé des ouvrages que je n' appréciait plus guère pour les avoir beaucoup aimé ;et d'
autres que je n' étais pas à même de goûter quand je les eus entre les mains..
Peut être qu' en lisant à nouveau un Giono j' ai dépassé cette chronologie.
L' ouvrage que j' ai lu est un recueil de nouvelles, de contes, de chroniques, de récits ,disons de textes
courts .Les plus longs Regain,Mort d' un personnage,un Roi sans divertissement dépassent de peu les
100 pages.
Adrienne Jouclard le retour du troupeau
Giono dans l' immédiat avant guerre était pour de nombreux jeunes un maître à penser,un guide qui
allait à contre courant dans ce monde que fascinait la modernité. il apparaissait certainement comme
rétrograde :prônant le retour à la terre, à la vie simple ,à la virtus dans un monde ou tout allait s' accé-
lérant . Sa voix n' est elle pas actuelle cinquante ans après?
BIOGRAPHIElink
on a beaucoup reproché à Giono à la fois ses engagements politiques et ses non engagements.Ayant
vécu les tranchées de Verdun Giono était viscéralement pacifiste .Tout mais pas la guerre! on le lui a
reproché: prison puis interdiction de publier "plustôt allemand que mort"Phrase malheureuse dans le
contexte mais.....on peut survivre à une dictature qui est toujours un phénomène provisoire,la mort
elle est définitive...ce qui compte, la survie c' est le maintien des valeurs. LES VRAIS RICHESSES .
Pour sa connivence avec le Renouveau National ,il est certain que l'expérience de CONTADOUR :ce
regroupement des jeunes autour de Giono 1937 à 39 est sous-tendu par des idées (je ne dis pas idéolo-
gie ) proche de celles qui animent l' Ecole d' Uriage et les chantiers de jeunesse. Giono connut l' inscrip _
tion sur la liste noire des écrivains infréquentables Il en conserva une certaine aigreur contre le monde
littéraire parisien.
Mais là n' est pas notre propos....Je disais seulement que j' avais redécouvert Giono à travers un livre
de nouvelles ,comprenant "la Mort d'un Personnage"et je vous en recommande la lecture.
Cette lecture en un moment pénible m' a aidé,pas en me divertissant (au sens de Pascal) mais en
m' obligeant à réfléchir, à poser le bouquin et me projeter plus loin dans notre humanité.
Et là je retourne enfin au titre de cet article: j' appartiens encore ,comme quelques autres
dinosaures à une génération élevée avec l' encre sur du papier:livres, journaux,revues.
L'enfance avec les Jules Verne des éditions Hetzel de nos parents...les rouge et or et les
bibliothèque verte que l' on recevait à Noel .. sans parler des livres de prix.
.L'adolescence avec la découverte de la littérature,des livres interdits , les lectures nocturnes
qui pouvaient se prolonger jusqu' à l'aube.et l' age de la poésie ou l'on se prend pour Rimbaud.
C'est la génération du livre de poche ou tout d'un coup les grands textes contemporains
étaient proposés dans la rue , sur les tourniquets, à la porte des librairies.Naturellement
j' ai grandi,je me suis fait homme avec le livre ;peut être un peu trop;,mais c' est vers lui que
par habitude ou par instinc t je me suis tourné dans un moment difficile.
Grace soit rendue à Gutemberg!!!